LE BÂTARD ET LE CLOCHARD.
Je suis un beau "bâtard" qui fête ses deux ans
Et je vis dans la rue depuis pas mal de temps.
Je n'ai pas choisi, tout petit il m'a pris à ma mère
Et depuis, je suis là, le compagnon de sa misère.
Tous les jours, tous les deux, on fait la manche,
Du matin du lundi jusqu'au soir du dimanche.
C'est pour quelques euros, car il faut bien manger
Un peu pour lui, beaucoup pour moi, faut l'avouer.
Toujours poli, toujours gentil, au coin de ce trottoir,
Nous venons tard le matin et repartons tôt le soir.
Elle est longue l'attente, aux pieds de tous ces gens,
Qui jettent un dur regard à ces gueux, ces mendiants.
Il me tient dans ses bras, tendrement il me caresse,
Baissant les yeux, honteux, devant tant de détresse,
Condamnés que nous sommes à vivre de la quête,
Nous savons que pour nous, ce n'est jamais la fête.
Nous sommes heureux pourtant, nous nous aimons,
D'un Amour sain, d'un Amour pur, de la passion.
Nous ne possédons rien et ne sommes pas jaloux
De voir ce qui se passe, ici, partout autour de nous.
Il est un homme, je suis un chien, drôle de couple,
Mais nous partageons tout, et la vie est plus souple,
Que pour ceux qui pensent au succès et à la réussite,
Prêts à se battre ou se haïr ... pour réussir plus vite.
Alors, gens de bonnes manières, responsables civils,
Qui faites les beaux jours des villages et des villes,
N'enlevez jamais à cet homme, nommé "le Clochard",
Ce vilain chien, son seul Ami, bien qu'il fût un "bâtard".
Gilbert DUMAS